Emilie Cousteix

Le Président du monde inaugure, accompagné par sa cheffe de cabinet Isbé, un stade flambant neuf en Antarctique. Pour célébrer le « miracle technologique », il y organise un gala de patinage artistique retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévision et de radio.
Mais Svetlana et Isidore, les deux patineurs, ont une façon bien à eux d’accéder au sublime.

Programme libre est né du visionnage d’une vidéo de patinage artistique, un jour où les pulsions agressives de l’autrice battaient leur plein. Inutile d’y chercher une pensée politique, une étude éthologique ou une plongée dans l’univers mystérieux de la danse sur glace. Tout n’y est que prétexte, aussi « synthétique » que la patinoire sur laquelle évoluent les protagonistes.
Mais prétexte à quoi ? A la gourmandise, peut-être, pour les attributs du « show-biz ». A l’affection pour des personnages à peine esquissés mais qui, déjà, réclament une langue. Petite plongée en touriste dans le gouffre entre l’apparente légèreté du patinage et la profondeur des pulsions qu’elle réveille (sinon, nous ne regarderions pas). Comme les deux patineurs, l’autrice recherche une fulgurance. Elle use de la caricature et de l’outrance pour mieux atteindre un nirvana dont on ne sait pas bien s’il est un idéal poétique ou une énième private joke. Qu’on se rassure, l’ambivalence est calculée. On cultive ici le goût pour le mauvais goût. Gratuitement. Parce que ça défoule.